jeudi 12 avril 2007

Les semblants de couples

Les semblants de couples sont insidieusement destructeurs.
Ils sont les mauvaises raisons pour lesquelles deux personnes sont ensemble.
Ils dépassent en nombre la somme des bonnes raisons.
Ils sont le déclencheur de discussions négatives, de chicanes incessantes et d'incompréhensions de plus en plus fréquentes.
Qui sont-ils? Ils sont faits de besoins primaires, de désir et de peurs. L'envie naissante de se lier à une personne qui nous attire, avec qui on a envie de vivre de beaux moments, de partager des expériences agréables. L'envie d'être en amour.
La peur de se retrouver seul. La peur de ne pas trouver quelqu'un qui nous convienne mieux.
La peur de se tromper.
Les semblants de couples deviennent à la longue des complaintes usées, des compagnons de galère, des tiques qui nous bouffent mais qu'on ne peut arracher.
Les semblants de couples sont rarement heureux. Trop occupés à ressasser leur lot d'injustices. Trop occupés à calculer le manque et la privation quotidienne d'enchantement dont les prive cet autre qui a le seul défaut de ne pas leur convenir.
Ils sont partout, sans être. Il leur manque le coeur qui fait circuler le sang et qui rosit les joues. Il leur manque ce lien qui apaise, le cordon dans le noir qui nous conduit au port.
Ils doivent se lever tous les matins en souhaitant cette étreinte qui ne vient jamais parce que le corps tendu de l'un se replie face au recroquevillement indifférent de l'autre.
Les semblants de couples sont les plus tristes car ils subissent leur amour plutôt que de le créer tous les jours.
Parfois les semblants de couple se surprennent à rêver et alors ils n'ont personne d'autre que la page blanche à qui raconter leur rêve, ils prennent un crayon et ils écrivent....

J’voudrais que ma vie recommence
Choisir ce qui semblait si peu

Aimer tous ceux que j’ai croisés
Sans jamais bien les regarder
J’voudrais que ma vie commence à neuf
J’voudrais trouver ce que j’ai perdu
Je voudrais perdre ce que j’ai cru
Devoir choisir sans désirer

Je changerais mes habitudes
Avant même qu’elles soient ancrées
Dans le fond plat de mes idées
Bien ordonnées et ratissées.

Je laisserais mon cœur rêver
Sans écouter les gens mourir
Mourir de ne plus savoir vivre
De ne plus vivre pour devenir

Compter toute ma vie à rebours
Je l’attendrais à l’arrivée
La dénuderais de ses habits
De fils dorés trop ajustés

Connaître qui j’ai méconnu
Embrasser ceux partis trop tôt
Faire naître et renaître à la vie
Qui n’auraient jamais vu le jour

J’aurais tant voulu t’aimer mieux
T’aimer à ne plus rien désirer
T’aimer à ne jamais rêver
De recommencer ma vie encore….

4 commentaires:

Medic a dit…

effectivement il y a beaucoup de ces couples qui se complaisent dans une vie que je qualifie de misère, une vie ou l'on partage la présence de l'autre plutôt par nécéssité pécuniaire que pour un partage du coeur

Anonyme a dit…

Et l'on appelle cela un mariage ou un couple de raison. Mais où est la raison? Quelque part, de chaque côté du lit?

Très inspirée Mme Bibco. Je ne sais pas si Baricco vous fait le plus grand bien... Mais malgré la tristesse de votre texte, il a la faculté de non seulement nous faire réfléchit dans nos petites têtes, mais aussi dans nos petits coeurs, de la, tout le mérite...

caroline.g a dit…

J'ai connu et aimé un homme qui... bon, vous le savez, peut-être l'avez-vous aimé aussi. Je voulais seulement vous dire que je vous lis, parfois, et que ça me rappelle des souvenirs, pas toujours heureux, mais parfois oui. Remember ? :o)

bibconfidences a dit…

Monsieur Tartan, tu as bien raison, mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas peur pour vous, la vie qui vous anime ne vous laissera jamais vous mettre dans une telle situation.

Ah Benton, si tu savais combien je suis inspirée! Mais seulement par moi-même. ;-) Barrico ne m'inspire pas, il traduit seulement en mots magnifques des états d'âme qui ont été les miens, parfois encore et sûrement dans l'avenir... Disons que si mes textes sont tristes, je me sens la plupart du temps bien et parfois même heureuse!

Caroline, heureuse de savoir que tu me lis. Si toutefois tous les hommes se ressemblent, ce dont je doute, peut-être en effet avons-nous aimé le même spécimen.
Si mes textes te rappelles des souvenirs, j'espère qu'ils sont souvent heureux!