dimanche 8 avril 2007

Alessandro Baricco, City

J'ai fait une chose étrange tout à l'heure. J'ai fait le ménage de ma bibliothèque, caresser mes livres et replacer mes Tintins tous déchirés bien en évidence. J'ai d'ailleurs l'intention de faire une petite affiche sur cette tablette de bibliothèque qui dirait : Usés parce qu'aimés.
Mon père m'a acheté mon premier Tintin lorsque j'avais 3 ans. Et chaque fois qu'un nouveau Tintin était publié il me l'achetait. Vous dire à quel point ma culture générale d'élève primaire a été enrichie par ces lectures est indiscutable.
Bref, j'ai enlevé tous mes livres d'Alessandro B. et les ai remontés en haut, à mon bureau où je passe plus de temps que devant ma bibliothèque.
Je les aime, j'aime leur proximité, j'aime les ouvrir et les lire par petits bouts.
Mes prochains billets seront consacrés à quelques extraits de différents livres de cet auteurs. Ce sera une semaine Baricco. À vous de voir si vous aimez, le titre vous indiquera à quel moment j'aurai terminé cette lubie.
Mais si je touche une personne avec ces mots cela fera mon bonheur.
Extrait de City.

-Non, c'est quelque chose de complètement différent.
-Tu penses que c'est une question d'expérience, ou...de sagesse, si on veut employer ce mot?
-De sagesse?... Je ne sais pas, je crois que c'est plutôt ...disons que ce qui est différent c'est la manière dont tu ressens la douleur...
-En quel sens?
-Je veux dire...quand tu es jeune la douleur te frappe, c'est comme si on te tirait dessus...c'est la fin, tu crois que c'est la fin...la douleur c'est comme un coup de feu, ça te fait sauter en l'air, c'est comme une explosion...tu crois que c'est sans remède, quelque chose d'irrémédiable, de définitif...le problème c'est que tu ne t'y attends pas, c'est ça le noeud de l'histoire, quand tu es jeune la douleur tu ne t'y attends pas, et elle te surprend, c'est l'étonnement qui te fait mal, l'étonnement. L'étonnement tu comprends?
-Oui.
-Une fois vieux...enfin, quand tu vieillis...il n'y a plus ce truc de l'étonnement, elle n'arrive plus à te prendre par surprise...tu la ressens, ça oui, mais c'est juste de la fatigue qui s'ajoute à de la fatigue, il n'y a plus rien qui explose, tu comprends? C'est juste comme si on t'ajoutait quelques kilos sur les épaules...c'est comme marcher et avoir des chaussures de plus en plus trempées, pleines de boue, et lourdes. À un certain moment tu t'arrêtes, et là, c'est fini. Mais tu ne sautes pas en l'air, comme quand tu étais jeune, c'est plus la même chose. C'est pour ça que la boxe tu peux en faire aussi longtemps que tu tiens le coup si tu veux. Ça ne te fait plus mal. Un jour tu es trop fatigué et tu t'en vas, c'est tout.
................

Tout serait plus simple si on ne t'avait pas inculqué cette histoire d'arriver quelque part, si seulement on t'avait appris, plutôt, à être heureux en restant immobile. Toutes ces histoires à propos de ton propre chemin. Trouver ton chemin. Suivre ton chemin. Alors que si ça se trouve on est fait pour vivre sur une place, ou dans un jardin public, là sans bouger, à faire que la vie passe, si ça se trouve on est un carrefour, le monde a besoin qu'on reste là sans bouger, ce serait une catastrophe si on allait suivre notre route. Les autres sont des routes, moi je suis une place, je ne mène à aucun endroit. Je pourrais peut-être m'inscrire à un club de gymnastique, pensa-t-elle.

Fin des extraits. Ces mots m'ont tellement touchés. C'est tellement ça...quand tu en as trop eu...trop fatigué. Se sentir obligée de bouger parce que tout le monde le fait et toi tu n'en as pas envie là....

5 commentaires:

Medic a dit…

Je ne sais pourquoi mais mes parents ne m'ont jamais acheté les Tintin, à la place il m'ont acheté les Astérix le Gaulois, collection qui a été transférée à mon plus jeune frère un jour. Rendu à l'âge adulte j'ai racheté ces Astérix et je les ai relus. Cette fois je les garde dans la tablette du bas de ma bibliothèque

bibconfidences a dit…

Vitrée la tablette si possible :-)

Anonyme a dit…

Cette douleur... c'est justement comme cela que je la sens lorsque que je joue au hockey maintenant! ;-)

bibconfidences a dit…

Comique! Ouais, bon...c'est un peu dramatique je sais mais c'est tellement bien écrit! Continue de jouer au hockey même si ça fait mal, faut souffrir pour être beau!

Anonyme a dit…

Je ne sais pas s'il faut trouver son chemin, ou écouter sa voix... Moi, j'ai plutôt l'impression que le chemin m'a trouvée, et qu'au fond, je n'ai fait que du surplace pendant des années. Mais ma petite voix m'a toujours dit que j'étais à ma place...