dimanche 4 février 2007

Le labyrinthe de Pan


Loin de moi la prétention de devenir critique de cinéma mais je ne peux passer sous silence mon émotion face à ce film.
J'y suis allée cet après-midi. D'abord un plaisir anticipé incroyable, je savais que ce film je l'aimerais. Aimer comme coup de foudre, amour, attachement.
Je n'avais aucun doute sur la qualité de la photographie, de l'image, des décors, des acteurs et de la musique. Mais pour le reste, je l'espérais, fortement aiguillée par les quelques extraits que j'en avais vus.
J'avais raison, je me connais quand même un brin.
Mais je ne pouvais appréhender le choc brutal que certaines scènes me causeraient. ¸Un choc presque physique, douloureux, à la vue de ces images qui, nous le savons maintenant, ne font que refléter toute la brutalité et l'innommable que les guerres engendrent.
Je ne dirai rien de plus sur ce film dans l'espoir que vous le verrez vous aussi.
Mais je peux vous dévoiler sans gâcher votre plaisir ce que j'ai ressentis lorsque je me suis retrouvée hors de la salle dans la caverne aux lumières clignotantes du nouveau cinéma de Brossard.
J'étais comme ivre. Déboussolée, comme transportée dans un monde qui allait trop vite.
La seule pensée qui me venait en tête était celle-ci : Nous sommes en train de faire de nos enfants des êtres veules et avides de plaisir qui ne connaîtront jamais l'honneur. Qui ne connaîtront du mot sacrifice que la privation de leur jeu vidéo préféré pour une semaine, un mois tout au plus.
Qui aujourd'hui, à plus forte raison dans 10 ans sera prêt à se sacrifier pour la communauté?
Quel individu s'oubliera pour le groupe?
La recherche du plaisir nous domine tellement qu'en cette ère où les prophètes devenus environnementalistes nous prédisent avec plus de certitudes que jamais un Armageddon écologique, nous sommes incapables de faire marche arrière et faisons plus de cas d'un match de football que d'une course pour la survie.
Chacun son sport paraît-il.
Pourquoi le labyrinthe de Pan me rend-t-il aussi grave? Tout simplement parce qu'il traite du bien et du mal, des gens qui pendant le règne de Franco ont voulu une justice pour leur pays, qu'ils ont pris les armes avec peur et courage. Parce que le monde est ainsi fait d'ombre et de lumière.
Parce les gens simples sont ceux que j'admire, parce que je sais que de tels gens ont réellement existés. Parce qu'hier j'étais au centre Bell et qu'ayant entendu la radio quelques heures auparavant et lu la presse en ayant peur pour nos petits-enfants, pour tout ce qui vit et respire et que subitement je me sois retrouvée dans cette foule rouge et bleue hurlant de joie et vociférant leur rengaine go habs go m'a fait une impression fugace de profanation. Parce que je n'arrive plus à voguer dans ces sillons dichotomiques que sont les chemins de notre destin.
Le labyrinthe de Pan est à l'image de notre vie ici et maintenant; on s'y perd.

5 commentaires:

Medic a dit…

ta critique de la société est juste, il devient effectivement difficile à l'occasion de voguer dans cette société qui nous inonde et pousse au fond de notre gorge de messages, de valeurs, de chose qui ne sont pas notre.
Est ce que je me trompe ou je sens en toi l'idéaliste utopiste attristée devant tant d'hommerie, la mère qui sent que le monde meilleur souhaité pour ces enfants ne sera pas pour demain

Je vais essayer d'aller voir ce film la semaine prochaine

bibconfidences a dit…

L'éditorial de Mario Roy dans la presse illustre bien ma pensée.
Il n'y a que la technologie qui sauvera l'homme.
Mais dans le fond, si j'étais un extra-terrestre je regarderais mourir cette race sans remords. On a eu notre chance, on est pas loin de l'avoir gâchée. Le film de Coline Serreau, planète verte, illustre bien cette situation.
Nous avions tout mais faute de voir l'avenir nous avons pris de mauvais chemins. Ce qui me rend amère c'est que maintenant nous savons mais nous fermons les yeux volontairement. La bêtise humaine m'a toujours consternée.

Mme Prof a dit…

J'ai une question pour toi. J'ai vu ce film à l'affiche dans mon coin de pays en espagnol sous-titré en anglais... Tu as pu le voir en français ou en anglais à Brossard? QUestion de savoir si j'ai des chances de pouvoir le voir sans sous-titres...

bibconfidences a dit…

En français à Brossard, il semble que la traduction française soit plus envoutante que l'anglaise, Lopez fait sa traduction avec son accent espagnol c'est encore plus beau.

Anonyme a dit…

En espérant qu'Ottawa le présentera, sinon je devrai monter à Brossard :)
Merci de la réponse, ça m'encourage pour le voir, parce que mal prise, je vais à tout le moins pouvoir le louer!