jeudi 29 mars 2007

La mort, la vie et tutti quanti

Je ne sais pas pour vous, mais j'ai des idées très opposées sur la mort. La plupart du temps elle me fait peur, me désespère, me hante.
À d'autres moments, plus rares ceux-ci, j'ai la chanson de Luc Plamondon en tête et je m'étendrais sur l'asphalte pour me laisser mourir.
Ça c'est quand je suis au boute. Quand tout va mal et que je suis fatiguée.
Je ne suis pas politiquement correct car je dis des choses horribles du genre comme : je comprends pourquoi certaines personnes s'enlèvent la vie ou souhaitent simplement en finir.
Parfois c'est trop dur de continuer. Il n'y pas de morphine pour certaines douleur. C'est comme ça, certains trouvent en eux ou en autre chose la force d'aller de l'avant, d'autres pas.
Et même si on sait que le temps, à défaut de tout arranger, amoindri la douleur, ce n'est pas toujours facile d'attendre qu'il passe.
Si je voulais mourir je crois que je mettrais l'Ave Maria dont j'ai laissé l'extrait dans mon blog précédent et j'essairais de le faire en douceur.
Juste pour que le mal cesse.
Mais bon, je suis dans un moment de mon existence où je n'ai pas envie de m'étendre sur l'asphalte et puis surtout, j'ai mes enfants. Je ne pourrais jamais laisser mes enfants.
Dès la minute où le premier de ces trois êtres uniques a vu le jour, j'ai senti la peur de la mort m'envahir. J'avais 21 ans et jamais ça ne m'était arrivé auparavant. Pourquoi justement à ce moment où la vie était plus présente que jamais? Peut-être parce que le protéger devenait une telle priorité que mourir ne m'était plus, dès ce moment et à tout jamais, une chose envisageable.
Ne jamais lui causer ce chagrin, ne jamais le laisser seul. Et cette pensée ne m'a jamais quittée, et pour lui et pour elle et pour lui.
La vie d'un enfant nous change à tout jamais et nous donne le courage de traverser tant de choses. Même celui de vivre quand notre vie se brise.
Je le sais car je l'ai vu.
J'étais très jeune lorsque c'est arrivé, j'avais 25 ans peut-être, je ne sais plus trop. Alberte, c'était son prénom, Alberte et son mari étaient de grands amis de mes parents. Ils avaient eux aussi des enfants, plus vieux et plus jeunes que moi, un grand garçon, une grande fille et deux autres jeunes adolescentes.
Une belle famille. Un jour des amis sont venus sonner à la porte d'Alberte pour lui annoncer avec douceur que son mari et sa fille de quinze ans venaient de se tuer dans un accident d'auto. Lorsqu'on me l'a raconté, on m'a dit qu'elle s'était écroulée en émettant une longue plainte, sa vie venant de prendre un autre chemin, irrémédiablement bouleversée à tout jamais.
Nous avons cru qu'elle ne s'en remettrait jamais. Mais il lui restait ses enfants, dont une jeune fille qui n'était pas encore entrée dans la vie adulte, une qui avait encore tellement besoin d'elle.
Et Alberte s'est relevée et a continué, il le fallait bien.
Combien de larmes a-t-elle pu verser la nuit, après ....
J'avais toujours cru que si je perdais un de mes enfants je mourrais sur le champ, mon coeur pétrifié pour toujours, mon esprit cessant d'être. Mais cette anné-là j'ai du revoir mes convictions. On ne meurt pas toujours de chagrin. Parfois, mais pas souvent.
Il y a les autres de qui on doit s'occuper...et puis, plus tard, j'ai compris que mourir c'était aussi oublier. Et on ne veut pas oublier. Jamais. Oublier ceux que nous perdons ce serait les perdre à nouveau.
Alors on vit, même si la douleur est atroce, même si cela ne s'oublie jamais.
J'ai connu depuis ce temps d'autres parents qui ont fait le deuil d'un enfant, et tous, ils ont continué. Il n'y pas de mystère plus grand que cette force de vivre.
Ne doutez jamais de votre force intérieure, elle est implacable. Mais je crois aussi qu'il faut à certains moments respecter ceux qui n'en ont plus. Je suis comme ça. Mon blog est un peu décousu ce soir, je ne voulais même pas parler de ça. Je voulais vous entretenir des déchets qui jonchent les environs de la polyvalente. Ce sera pour une autre fois. Là je vais écouter encore un peu mon Avé Maria, me relire et aller me coucher, mais avant je vais aller embrasser mes enfants.
Bonne nuit.

10 commentaires:

Medic a dit…

ça doit être terrible comme expérience, on peut ne pas en mourir mais je crois que l'on s'en remet jamais complètement ....... on dit mais mes deux grand-mères ont chacunes perdues au moins un enfant. Il n'était pas rare à cette époque de perdre un enfant, ça faisait partie de la vie normale

Anonyme a dit…

Est-ce que tu connais une toute petite oeuvre de Munch illustrant la détresse, la panique, d'une petite fille au chevet de sa maman qui vient de mourir?

Je n'arriverai jamais à me l'enlever de la tête. Une toute petite oeuvre, mais si forte, si prégnante. J'avais eu l'occasion de la voir en vrai.

Il y a des horreurs auxquelles on ne veut même pas penser... Des courages qu'on ne peut qu'admirer sans comprendre.

Pas courageuse Zed

bibconfidences a dit…

Monsieur du tartan, je sais, avant cela faisait partie de la vie, il y avait plusieurs enfants, c'est d'ailleurs une des théories des psychologues qui expliqueraient ainsi le règne de l'enfant roi...la rareté des enfants, leur petit nombre, ils n'en deviennent pas plus aimés qu'auparavant mais peut-être qu'aujourd'hui en perdre un c'est tout perdre. Et puis les progrès de la médecine a rendu la chose moins, beaucoup moins fréquente.

Pas courageuse Zed tout comme moi, non, aurais-tu le titre de cette oeuvre?

Anonyme a dit…

Je vais tenter de la retrouver sur Intenet et te reviendrai avec mes résultats.

;-)

Anonyme a dit…

Toujours introuvable (j'avais déjà essayé). C'est une toute petite gravure tellement plus forte que les peintures sur le même sujet.

Faute de mieux, voici deux liens menant à des peintures sur ce thème.

Autre munch : http://tubulamarok.free.fr/pareil/munch.jpg

Autre encore :
http://www.fisterra.com/human/3arte/pintura/pintores/munch/images/1_Nina_y_madre_muerta_Oslo_Munch.jpg


Je vais tenter de dénicher une image, entre deux livres de recettes et trois romans à la mode, chez Archambeault et Renaud-Bray, pour moi-même aussi.

Tu sais peut-être que sa mère est morte de la tuberculose aors qu'il avit 5 ans.

bibconfidences a dit…

Zed blog, c'est cette peinture que tu cherches? http://bp0.blogger.com/_y9JCP1wazVo/ReM0BLZ_XdI/AAAAAAAACO8/TJSfvAC3NJQ/s1600-h/munch_dead-mother.jpg

Anonyme a dit…

J'ai déjà lu que lorsqu'on devient parent, on perd par la même occasion son droit au suicide!

Je trouve qu'elle a fait preuve de beaucoup courage et plus de faire le bon choix a un moment où tout semblait ne plus avoir de sens...

C'est bizarre puisque j'ai récemment "posté" un message sur un blogue au sujet de cette chanson, "Pierrot Lunaire", de Claude Léveillée. Pour toi, c'est Avé Maria, pour moi, c'est cette chanson qui ressemble à une contine mais qui traite d'un sujet des plus sérieux...

bibconfidences a dit…

Ah, je ne connais pas cette chanson de Claude Léveillé, je vais chercher!

Anonyme a dit…

Pierrot Lunaire

vidéo:
http://www.marie-pierperreault.net/medias/videos/
vid_prest_claudeleveillee.htm

Anonyme a dit…

Hélas, non.

Cette peinture est dans les liens que je t'ai envoyés. Tu y verras une petite fille réelle aussi, dans la même position, lors de funérailles, possiblement de l'un de ses parents.

Il ne s'agit pas d'une peinture et c'est tellement plus fort que ça. C'est une toute petite gravure, noir et blanc. Je n'ai pas dit mon dernier mot, car cela fait longtemps que je la cherche.

Merci d'avoir cherché, c'est gentil!

Zed :)