dimanche 15 juillet 2007

Territorial même dans la mort

Réflexion inspirée par un reportage réalisé au cimetière côte des neiges en lien avec la grève qui y sévit.

D’abord sachez que je veux être incinérée. Je veux finir en poussière, des cendres qui seront aussi légères que l’air.
J’aimerais m’envoler du haut d’une belle montagne avec le fleuve à ses pieds. Voilà ce que j’aimerais que l’on fasse de mon corps lorsque mon âme ne l’habitera plus.
Ce souhait énoncé vous comprendrez qu’il est facile pour moi d’écrire ce qui suit et de le penser, ce qui ne peut être le cas pour d’autres. De plus, je n’ai aucune conviction religieuse particulière, je ne crois qu’en la vie, la nature et l’être humain.
Je ne comprends pas pourquoi nous tenons tant à donner un territoire que nous revendiquons comme étant "familial" à ces corps qui sont les restes inanimés de ceux que nous avons aimés. C’est comme si l’on croyait qu’il y a encore quelque chose d’eux, de ce qui les rendait unique, qui soit resté prisonnier de cette matière en décomposition.
Pourtant, il ne reste rien dans cette tombe que de la matière organique. L’essentiel de ce qu’ils étaient, de ce qui faisait d’eux des êtres vivants et animés est maintenant en nous. Nous les portons en nous. C’est en nous qu’il faut se recueillir pour retrouver leur souvenir. Le lieu où nous faisons cela importe peu. J’ai déjà lu quelque part qu’une des nombreuses chicanes que les catholiques ont entre eux porte sur un désaccord ridicule. Le lieu où l’on peut pratiquer la prière. Certains disent que ce lieu doit être une église sanctifiée, d’autres soutiennent que Jésus lui-même aurait proclamé que nous sommes notre église et que nous avons en nous ce lieu de prière.
(J’aurais pu être plus claire, plus exacte dans mes propos, mais le dit propos de ce billet n’étant pas la religion je ne ferai pas de recherche en ce sens). Donc, pourquoi tenir à tout prix à un lieu ressemblant à une petite banlieue bien propre avec des belles rangées de monuments baignant dans un gazon bien vert et bien coupé ou pas un brin d’herbe folle poussant vers le ciel, glorifiant la vie, n’est toléré.
J’aimerais mieux me fondre dans la nature, faire partie de ce qui la nourrit, permettre de nouvelles vies, un épanouissement fécond. J’aimerais mieux devenir un esprit des bois sauvages plutôt qu’un corps couché sagement à coté d’un autre et d’un autre, bien aligné comme dans un tiroir de morgue.
J’aimerais que les miens me voient dans l’eau qui coule, dans les arbres qui poussent, partout où le vent aura porté mes cendres.
Je comprends que les traditions soient importantes, mais nous sommes justement à la croisée de notre destin d’être humain où nous devons comprendre que, si certaines traditions ont été bonnes pour nous, elles sont maintenant sources de problèmes.
Certaines nuisent à l’environnement, d’autres à la paix dans le monde.
Certaines seront toujours bonnes, d’autres devront être remplacées ou améliorées.
Un point très important à mon sens a été soulevé dans l’entrevue. Le Mont-Royal est une montagne. Si le cimetière continue de s’étendre, si des trous toujours plus nombreux sont creusés, on fera face alors à des problèmes importants d’érosion des sols.
Je ne dis pas qu’il faut abandonner le cimetière, mais il y a là néanmoins une réflexion importante qui va au-delà du conflit de travail qui perdure en ce moment.

7 commentaires:

J. RAFFE a dit…

Étant athée, j'ai la même opinion que toi. Je respecte les gens qui ont des croyances religieuses ou autres. Mais mon respect tombe quand ces croyances deviennent le moteur d'une pensée qui empiète sur le gros bon sens. Ben de la misère à voir quelqu'un s'entêter à faire quelque chose qui nuit au reste du monde en s'appuyant sur des croyances religieuses. D'autant plus qu'à la base de presque toutes (toutes?) les religions de ce monde, il y a le respect de l'autre et le respect de la nature. Ces gens sont donc carrément illogiques!!

Anonyme a dit…

Bibco,

Tu sais mes parents sont tous les deux à Cote-des-neiges. Pour un sont corps y est déposé Et, pour l'autre ces cendres sont allés rejoindre le premier.

Pour moi ils sont la tu vois parce que la dernière fois que j'ai eu un contact avec eux c'étais là. Même s'ils étaient retourné à l'unité.

Mais, je sais, ces une illusion. Pour moi, tout est un, nous en faisont parti de cette unité du tout universelle et nous sommes en quelque sortent éternelle de cette façon. Il n'y a pas de commencement et il n'y a pas de fin. Tout change continuellement et ces le mouvement perpétuelle de l'univers. Lui ne change jamais. Tout est vibration à différents niveau comme la musique. Les cimetières ne sont utiles que pour notre égo présent. Et tu as raison ils prennent de la place inutile. Un jours ilsdevront disparaîtrent Nos disparus vivent à l'intérieure de nous, pas ailleurs.

Je pense exactement comme toi. Tu décrit très bien ma pensée

bibconfidences a dit…

bibco a dit...
Commentaires très inspirants que les vôtres, merci.
J'espère aussi que les gens qui souffrent de cette situation n'auront plus à vivre ça longtemps. C'est le mieux que je puisse leur souhaiter, si pour eux, le lieu où sont enterrés leurs disparus est une chose importante. J'ajouterai que j'ai vu des tombes disparaître au fond d'un trou et c'est quelque chose qui me fait sentir infiniment triste...Mais une fois j'ai vu dans une célébration peu orthodoxe ( je crois que c'est interdit ) un fils jeter les cendres de son père dans son champs qu'il avait cultivé toute sa vie. Le vent les a fait tournoyer quelques instants et elles sont disparues. Pas une seule seconde je n'ai ressentie de la tristesse. Au contraire, un espoir heureux m'a habité et sur tous les visages je pouvais voir une paix intérieur faire place à la peine.

Zoreilles a dit…

C'est drôle, je ne suis pas athée du tout, il me reste juste un tout petit peu de la foi judéo-chrétienne dans laquelle j'ai grandi, mais quand même, ta pensée rejoint la mienne à 100 %.

On m'avait demandé il y a quelques années d'écrire un texte à ce sujet dans une revue littéraire qui s'appelle « Empreintes boréales » et je l'avais intitulé : « Je LE préfère nature ».

J'ai beaucoup aimé et j'aimerai toujours des proches qui sont aujourd'hui disparus mais je n'ai jamais mis les pieds dans un cimetière, ça ne me rapprocherait pas d'eux, bien au contraire. Je respecte, par contre, ceux qui pensent différemment de moi.

Le dernier, c'était mon père. Incinéré. Comme de raison, on a fait comme bien des gens, l'urne contenant ses cendre a été déposée au colombarium, un contrat de 20 ans, à gros prix, et c'est ma mère qui a en main une sorte de carte de guichet automatique qui déverrouille le colombarium en tout temps. Oui, on y a mis une photo de lui, de son sourire et ses yeux bleus, on a fait ça ensemble, respectueusement, mais on n'y retourne plus jamais.

Par contre, on a senti le besoin de faire autre chose de plus significatif pour nous : au Parc botanique À fleur d'eau, dans notre ville, on peut « acheter » un arbre, ça amène des sous pour l'entretien et le développement du parc, on y fait apposer une jolie affichette avec le nom d'une personne, un court message aussi. On est tous tombés d'accord sur une épinette blanche majestueuse, près de l'étang et l'affichette dit ceci : « Léo ....... Ton sourire restera toujours vivant, ton épouse et ta famille » et là, chacun notre tour, quand on y passe ou quand on en sent le besoin, on va « saluer Papa ».

bibconfidences a dit…

C'est un geste que je trouve très beau, c'est un vrai souvenir. C'est ça qui me rejoint moi aussi.

Le Voyou du Bayou a dit…

Moi quand je vais mourir, je veux qu'on fasse comme avec DARTH VADER et qu'on me brûle sur un bûcher. Anyway j'aurai été presque aussi méchant que lui dans le courant de ma vie.

bibconfidences a dit…

C'est original ça voyou, ça fait joli aussi quand on envoie le bûcher sur l'eau...