mardi 24 juillet 2007

Faut pas croire tout c'qu'on lisse

Hier midi assise à l'espace bouffe du complexe Desjardins j'attends une amie qui commande le couscous. Je suis tranquille comme une jeune fille sage car faute de place, nous avons du nous asseoir à coté d'une femme superbe dans la plénitude de l'âge.
Il n'y a pas que son visage qui est magnifique, son expression d'un calme olympien, ses yeux qui ne cillent pas, son visage calme qu'aucune inquiètude ne trouble est hypnosant et mes yeux sans le vouloir reviennent sans arrêt se poser sur lui.
Les gens passent devant elle comme des fantômes, rien ne la distrait, elle ne fronce pas les sourcils même quand une vieille femme ivre s'accroche devant nous dans son foulard simili indien qui traîne par terre. Moi je sursaute quand le cellulaire d'un homme se met à chanter la marseillaise, elle, ne fait que tourner la tête vers le patriote sans qu'un seul muscle de sa bouche n'ai frémit.
Elle m'impressionne.
Un homme lui demande si le journal lui appartient, son regard marmonéen se pose sur lui et c'est à peine si ses lèvres se déscellent pour lui jeter un oui sans chaleur et dénué d'invite même si le monsieur était franchement admiratif et lui -même assez bien de sa personne.
Là où mon admiration se transforme en atterration c'est quand une petite fille se plante devant notre table en état de curiosité indéniable devant mon cabas de paille orné de belles fleurs roses et oranges. Elle est si mignonne qu'elle arracherait un sourire à un banquier. Mais la Vénus du snack la regarde avec un sourire si étrange que je commence à douter de son bon sens.
Tout à coup elle s'anime, une autre dame au maintien très digne s'installe, c' est la copine qu'elle attendait. La mienne aussi se pointe avec notre assiette et la conversation s'engage entre nous, entrecoupée de silencieuses mastications qui me permettent SANS QUE JE LE VEUILLE, si, si, sans que je le veuille, (d'écouter) d'entendre malgré moi, ce qui se dit à la petite table à coté.
On y parlait de chirurgie esthétique et des nouvelles technologies qui permettent de rester jeunes et belles.
Et mes voisines de se toucher les lèvres et le nez et les joues, alouette! Et je comprends qu'elles ont eu toutes les deux un traitement de botox et qu'elles s'en réjouissent.
C'était là le secret de ma voisine. Son visage aux muscles inexpressifs était en fait un masque sous lequel ne palpitaient plus que des nerfs et des muscles maîtrisés par une toxine botanique.
Mon admiration est tombée sur le coup, remplacée par un soupçon de colère mêlé d'amertume.
Peut-être étais-je aussi un peu jalouse ou ma pensée était-elle empreinte d'un sentiment d'injustice face à la facilité que possède certaines personnes à obtenir ainsi la beauté et la jeunesse.
Moi je vais vieillir en voyant l'outrage du temps marquer mon visage. Chaque ride racontera l'histoire de ma vie. Je ne m'en glorifie pas tant que ça vous savez, j'aimerais bien moi aussi être aussi belle que la dame.
La fillette est revenue vers nous, mon sourire est réapparu sur mon visage, elle m'a tendue la main et je lui ai donné mes belles fleurs à toucher.
Nous avions toutes les deux le même sourire. À ce moment-là une pensée furtive a traversée mon esprit. Je regardai à nouveau ma voisine, j'étais sûrement la moins belle de nous deux, mais je me suis demandé à ce moment-là qui de moi ou de ma voisine était la plus proche de la jeunesse.

6 commentaires:

Medic a dit…

J’ai toujours un petit recul pour les gens qui optent pour ce type de « beauté » artificielle. Je me dis si une personne choisis un tel chemin préférant l’artificialité de ces moyens son esprit doit être frappé d’insipidité qui n’a d’égal que sa superficialité. Ça fait des gens beau à regarder mais plate à discuter alors ça dépend de quel genre de soirée ou de dîner tu veux passer. Honnêtement regarder des seins en silicone ou des lèvres puffer au Botox, je me tanne vite

Anonyme a dit…

Au risque de me répéter, et d'énoncer une "hénormité", tu te souviens que la beauté est dans l'oeil de celui/celle qui regarde?
Ton visage à toi est peut-être moins lisse, mais il raconte ton histoire, et personne ne peut douter de l'intelligence et de la sensibilité derrière ton regard!

bibconfidences a dit…

Oui, honnêtement, je ne sais pas...cet évènement à eu lieu hier et ça me fait " réflexionner ".
C'est facile pour moi de dire que je n'aurais pas envie de chirurgie plastique pour avoir un visage parfait puisque je sais que je n'en ai pas les moyens. Mais honnêtement, je n'aimerais pas avoir un visage qui ne soit plus le mien, sans tout ce qui va avec, même ses imperfections dont le nombre ira peut-être en grandissant mais aussi en remodelant ma personne de l'intérieur pour peaufiner et peaufiner encore qui je suis et ce que je suis...Version améliorée!
Bon, je vais déchirer mon inscription pour "Swan" ok....

Anonyme a dit…

Si la vérité vient de la bouche des enfants, leur regard doit percevoir la vraie beauté, non? Et c'est vers toi que la fillette est allée! ;)

bibconfidences a dit…

Si la vraie beauté est un sourire alors oui, j'en avais un vrai! J'observe souvent les gens...il y a ceux qui sourient devant un enfant et ceux qui restent indifférents. Je suis dans la première catégorie.

Zoreilles a dit…

Vous êtes très belle, Bibco, je vois ça d'ici et vous ne vieillirez jamais, pas avec ce que vous avez dans votre esprit, votre coeur et votre imaginaire.

Savez-vous ce qu'on dit de moi? Que je suis très expressive! Bien sûr, ça me creuse des plis au coin des yeux et je les aime ces plis, de plus en plus, ils signifient tous les rires, les sourires, les rencontres, les amours, les amis, les bonheurs que j'ai vécus. Je les appelle « les chemins de mon visage » et je me souhaite une longue route!

Pour rien au monde, je ne voudrais les gommer, les effacer, les nier. Je trouve pathétiques ces femmes si esclaves de leur image, des canons de la beauté et de la jeunesse.

Oui, cette dame est passée à côté de la jeunesse et de la beauté ce jour-là. Pas vous!