samedi 9 février 2008

Daniel Pennac

Toujours en ligne avec l'éducation voici un extrait du très beau roman de Daniel Pennac, chagrin d'école. À lire sans faute.
Doit être lu par Marie-Ève qui s'y reconnaîtra et pour Gooba aussi. Pour Zoreilles, pour qu'elle l'achète et le lise avant de le donner à sa fille et pour tous les profs plongeurs.

À tous ceux qui aujourd'hui imputent la constitution de bandes au seul phénomène des banlieues, je dis : vous avez raison, oui, le chômage, oui, la concentration des exclus, oui, les regroupements ethniques, oui, la tyrannie des marques, la famille monoparentale, oui, le développement d'une économie parallèle et les trafics en tout genre, oui, oui, oui...Mais gardons-nous de sous-estimer la seule chose sur laquelle nous pouvons personnellement agir et qui, elle, date de la nuit des temps pédagogiques : la solitude et la honte de l'élève qui ne comprend pas, perdu dans un monde où tous les autres comprennent.
Nous seuls pouvons le sortir de cette prison-là, que nous soyons ou non formés pour cela.
Les professeurs qui m'ont sauvé et qui ont fait de moi un professeur n'étaient pas formés pour ça . Ils ne se sont pas préoccupés des origines de mon infirmitié scolaire. Ils n'ont pas perdu de temps à en chercher les causes et pas davantage à me sermonner. Ils étaient des adultes confrontés à des adolescents en péril. Ils se sont dit qu'il y avait urgence. Ils ont plongé. Ils m'ont raté. Ils ont plongé de nouveau, jour après jour après jour, encore et encore...Ils ont fini par me sortir de là. Et beaucoup d'autres avec moi. Ils nous ont littéralement repêchés. Nous leur devons la vie.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Qui n'a pas été marqué par un prof? Qui n'a pas un jour été repêché par quelqu'un qui ne craint pas l'échec, le rejet?

Ces gens, peut-être sont-ils nombreux, peut-être agissent-ils ainsi une seule fois dans leur vie, auront accompli quelque chose de grand, souvent sans le savoir.

Accent Grave

Gooba a dit…

Je suis dedans, chère Bibco! :o) Mais je manque cruellement de temps pour lire, ces temps-ci. Ce qui fait que je le déguste petit à petit. :o)

Anonyme a dit…

je l'ai réservé à ma bibliothèque municipale, je suis le 44 sur la liste d'attente ............ ils ont plus qu'une copie par chance, d'ici quelques semaines je devrais pouvoir pouvoir commencer la lecture. Je n'ai pas beaucoup lu de Pennac, un seul si ma mémoire est bonne alors j'ai hate de l'avoir entre mes mains

L'ensaignant a dit…

Le passage m'intrigue. Je vais l'acheter et vous en redonne des nouvelles. Blog très intéressant... je reviendrai.

Zoreilles a dit…

Chère Bibco, ton invitation me touche et ton billet aussi. Bien sûr que j'en parlerai à ma fille également.

Des professeurs qui ont été pour moi des phares? Plusieurs et je me souviens de chacun d'eux et de ce qu'ils/elles m'ont appris, la plupart du temps, de la matière qui ne faisait pas partie du programme...

Je pourrais écrire un recueil de nouvelles rien qu'avec ces histoires-là qui me sont arrivées!

Quant à ma fille, actuellement au bac en enseignement du français, elle fait beaucoup de suppléance dans les écoles primaires et secondaires. Nous avons des discussions très enrichissantes, absolument passionnantes et je reconnais chez elle la même générosité, la même passion, la même soif d'apprendre et de transmettre que j'ai vues chez les profs pour qui j'ai toujours de la reconnaissance et de l'admiration.