mercredi 13 juin 2007

L'année prochaine

L'année prochaine pour un prof c'est pas le 1 janvier 2008, c'est le début septembre.
C'est ça notre calendrier à nous.
L'année prochaine donc, si c'était à refaire, je ferais différent.
Cette année j'ai, pour la première fois, eu une cinquième année à moi.
Première fois au régulier, première fois au troisième cycle, ( je viens d'une autre commission scolaire ne l'oublions pas et j'y étais un autre genre de prof, un prof pour enfants " difficiles" disons, le genre d'enfants qu'on oublie pas. ) et première fois dans cette école. Ça fait beaucoup de première fois.
J'ai suivi les autres, j'ai tenté de m'acclimater, j'ai réviser mes maths, j'ai plongé encore plus profondément dans la réforme avec ses faiblesses et ses forces ( oui, oui, la réforme a de belles qualités aussi ) et maintenant j'arrive à la fin et tout ce que je peux dire c'est que si j'ai la chance de reprendre une cinquième année, je ferai bien des choses d'une autre manière.
À ma manière.
Tenter de faire comme les autres parce qu'on est convaincu que les autres savent mieux que vous c'est presque inévitable. J'suis pas plus fine que d'autres, je l'ai fait. Ça m'a permis d'apprendre beaucoup certes, mais je réalise aussi que je me suis oubliée là-dedans et qu'à cause de ça j'ai sans doute privé un peu mes élèves du meilleur de moi-même. Ma folie, mon originalité et mon empathie.
L'année prochaine au lieu de travailler sur un grand maître comme Jean-Paul Lemieux, je commencerai mon cours d'art avec quelque chose comme : « à la manière de votre pochette de c.d. préférée » Juste le temps de les attirer là où je veux, dans le monde merveilleux de la création.
L'année prochaine au lieu de vouloir passer à travers tout le programme de maths je leur ferai découper des dominos pour leur apprendre les fractions, et on mangera de la tarte pour réaliser que c'est bien mieux de la séparer en 4 qu'en 12.
Ah...l'année prochaine...Mais où serais-je l'an prochain?
Où est-ce que ce bon système de placement de prof me larguera?
Étudiez à l'université qui disaient...Un bac t'ouvre toutes les portes. C'est vrai, toutes les portes, mais moi je voudrais juste la même...
Je ne sais pas s'il y a d'autres universitaires qui se font barouettés comme les profs le sont...
En tout cas, pas grave. Ce que le bon système ignore c'est que j'ai toute latitude pendant ce temps pour mener mon grand projet.
Envahir le monde avec mon armée de jeunes, formés à être conscients, responsables, aimant la nature et surtout...la tête plein de rêves.

6 commentaires:

Zoreilles a dit…

Ah quels beaux projets vous avez, je souhaite autant que vous que « l'année prochaine » vous puissiez avoir encore une 5e année.

Ils auraient tant à perdre s'ils ne vous la donnaient pas mais peut-être qu'ils le savent... Ah, sûrement qu'ils le savent!

bibconfidences a dit…

Ils le savent, ma directrice le sait, mais le système ne voit rien, n'entend rien et ne dit rien!

Anonyme a dit…

c'est pas juste les universitaires prof qui se font brasser, je pense que tout ce qui est employé de l'état se fait brasser à sa façon. Je me suis fait mettre dans des positions parfois ou la loyauté à l'organisation frolait la limite de la légalité, c'est pas toujours drôle ça non plus. Je sais aussi que des situations difficles pour des professionnels arrive au quotidien partout

bibconfidences a dit…

Ouin, c'est drôle, de savoir que nous sommes plusieurs ne m'encourage pas vraiment.

Gooba a dit…

C'est bon de lire un billet comme le tien. Je te souhaite d'avoir la même porte devant toi l'année prochaine (on se comprend, hihihi!). Je sais à quel point c'est important, la stabilité, dans l'enseignement. Quand on en ressent le besoin et qu'on ne peut pas y accéder, c'est frustrant.

Notre système d'affectation, dans notre CS, permet beaucoup plus de stabilité et je l'apprécie ÉNORMÉMENT. Je suis dans la même école depuis le début de ma carrière. Et ce n'est aucunement une excuse pour m'asseoir sur mon derrière et refaire les mêmes trucs année après année. Au contraire, c'est le moteur qui me permet de voir loin et de toujours innover...

Anonyme a dit…

Les universitaires, avec ou sans doctorats, ça se promène aussi. Tout le monde se fait bardasser et je dois être le seul à... aimer ça.
J'admets qu'il y a beaucoup de victimes cependant et ma défénition du «bardassage» n'est peutêtre pas la même que la vôtre.

N'empêche que... dans le domaine de l'enseignement, je ne vois pas pourquoi vous devriez changer de classe ou d'école sans cesse et malgré vous.

Accent Grave