dimanche 5 août 2007

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http://bibconfidences.blogspot.com/2007/03/il-tait-une-fois.html

Édingway n'avait pas eu de toile à proprement parler. Il s'agissait plutôt d'un canevas de bois sur lequel un peintre amateur avait grossièrement étalé les couleurs primaires qui, juxtaposées les unes aux autres, donnaient un mélange de bruns ternes et sans relief, comme la personnalité du garçon.
Il en est ainsi des enfants échoués par hasard au milieu d'une histoire parentale plutôt décousue où deux adultes n'ont que faire d'une troisième entité dans ce noyau déjà si vieux qu'il en est tout égrené comme celui d'une pêche trop mûre­.
Édingway avait eu en égard à son jeune âge la chance de ne pas comprendre les circonstances de sa naissance qui s'était déroulée de manière tout à fait horrifiante.
Il avait en effet connu la noyade avant même que son premier souffle ne gonfle ses petits poumons. Sa jeune mère violée depuis l'enfance par un oncle admirateur d'Edgar Allan Poe avait déjà donné naissance à deux petits êtres morts nés et considérait les douleurs de l'enfantement comme un simple prélude à la délivrance d'un fardeau incommodant. Son mal de ventre pas si différent des autres la conduisant toujours au même endroit, petite bête d'habitudes et de peu de moyens, elle accoucha au dessus de la cuvette de la toilette et, épuisée par tant d'efforts, se coucha tout à coté, liée à la porcelaine froide par le cordon ombilical qui palpitait encore.
C'est ainsi que sa mère, créature revêche et de peu de mots la trouva à son retour du travail, presque morte et au bout de son sang.
La mère que rien n'effarouchait, se signa pourtant à la vue de la petite chose ensanglantée qui flottait dans la cuvette.
Elle coupa le cordon déjà séché et releva sa fille qui, avec l'aide de sa mère, trouva la force de se rendre sur son lit.
Convaincue de la mort du nouveau-né, la mère s'occupa de la fille, la lava, la rhabilla et lui donna à boire. Puis, elle retourna à la salle de bain se demandant si cette fois, considérant la grossesse déjà avancée de sa fille, l'enfant aurait pu vivre. C'était par simple curiosité, aucun regret à cette pensée car la mère avait déjà tant de soucis et si peu de goût pour la vie que de s'occuper d'un autre enfant ne lui aurait apporté aucune joie.
Alors qu'elle plongeait les mains dans l'eau rougie de sang, elle s'étonna de la souplesse du petit corps et lorsque de celui-ci un tressaillement se fit sentir, son premier réflexe fut de rejeter la chose dans l'eau et tirer la chasse.
Le bon sens la fit aussitôt changer d'idée. Jamais le bébé ne passerait dans le tuyau d'évacuation.
C'est donc grâce à sa grande taille et à son poids plus que généreux qu'Édingway vécu.

3 commentaires:

Gooba a dit…

Macabre, mais j'adore!

Mme Prof a dit…

Hors sujet, mais j'ai eu mon chômage... ya de l'espoir!

Gooba a dit…

Mouahahaha, je viens de voir ce que tu as rajouté à côté de mon nom! Comique! :-))