dimanche 11 novembre 2007

Vite de même...

Une petite mise en garde à propos de tout ce touin touin concernant la qualité médiocre de la langue enseignée dans nos écoles.
J'aimerais que vous vous rappeliez, agressifs détracteurs de la réforme, qu'au Québec le nombre d'analphabètes adultes qu'a produit votre bon vieux système d'éducation est assez embêtant à avouer quand on profère une vénération sans borne pour la bonne vieille dictée.
J'aimerais que vous vous rappeliez que les baby boomer et ceux d'avant qui savent si bien écrire sont issus de la même génération que ceux qui ont consommé nos ressources naturelles à outrance et valorisé le système capitaliste, celui-là même qui est responsable de nombreux problèmes d'environnement et de surconsommation. Certains de nos religieux, ceux-là même qui s'occupaient des Orphelins de Duplessis et qui étaient en poste dans les pensionnats amérindiens de l'époque, écrivaient sans une seule faute. Ce qui m'amène au propos de ce billet; apprendre aux enfants à écrire sans faute en revenant aux bonnes vieilles méthodes "qui ont fait leurs preuves" n'est pas tout. Driller dans le cerveau pour y faire apprendre des règles de grammaire ça se défend mais il faut aussi que l'enfant pour devenir un adulte responsable sache utiliser correctement cette belle langue française. Un contenant et un contenu. Apprendre le français et doter les élèves de compétances dans plusieurs domaines c'est ce qu'a tenté de faire, imparfaitement et avec plusieurs lacunes j'en conviens, la nouvelle réforme en éducation. Des enfants qui auraient un équilibre et des forces non seulement en français mais aussi en sciences, en univers social, en arts, en musique et en mathématiques. On voulait que les enfants développent le goût d'apprendre et soient capables de raisonner par eux-mêmes. Des êtres humains capables de réfléchir et non seulement d'apprendre par coeur. Pourrait-on à notre tour réfléchir un peu avant de vouer aux gémonies tout ce qui s'appelle réforme.
Avant de laisser aux politiciens le droit de tout bardasser afin de s'assurer d'un capital politique non négligeable pourrions-nous prendre le temps de démêler le bon grain de l'ivraie? Hier à la radio j'ai entendu un spécialiste du français au Québec parler de la réforme sur un ton méprisant en dénonçant comme superficiel le fait qu'il fallait aujourd'hui, à l'école, rendre les enfants heureux. Du bout des lèvres qu'il l'a dit le Monsieur.
Ben oui Monsieur, ce n'est pas si mal de rendre les enfants heureux. Les rendre heureux, souhaiter qu'ils aient déjeûné le matin et que leurs parents leur aient accordé un moment d'écoute avant la fin de la journée.
Ensuite, ils pourront apprendre et peut-être qu'avec cette génération on aura des adultes plus heureux de façon intrinsèque que ceux qui cherchent leur plaisir dans bien d'autres choses que la littérature.
Si l'homme apprenait de ses erreurs il serait possible de construire sur des fondations meilleures que les précédentes. Oui, notre système d'éducation a des ratés. À qui la faute? À nous tous. À nous tous qui acceptons que des fonctionnaires et des concepteurs de manuels tous plus inutiles les uns que les autres soient payés par le ministère de l'éducation qui devrait plutôt payer des orthopédagogues, des professeurs supplémentaires et des écoles saines et sécuritaires. À nous tous qui, comme parents, se servons de notre belle langue pour accuser les autres de mal parler et de mal écrire en oubliant que si un doigt se pointe en un geste de reproche vers l'autre, les trois autres pointent vers soi. À nous tous qui, en ce jour du souvenir, faisons tout sauf se souvenir, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain et prenons le temps de se donner un système d'éducation d'où émergera une génération qui non seulement saura bien écrire et bien parler, mais saura aussi réfléchir à notre avenir à tous.

Ajout du dimanche soir 19:01h. Que je ne tombe jamais sur un dirigeant de TQS qui se plaint de l'enseignement du français dans les écoles. Pourquoi? Écoutez le loft et vous comprendrez pourquoi je désire former des jeunes qui non seulement parlent bien, mais qui ont autre chose que leur petite personne au coeur de leurs préoccupations.

5 commentaires:

Renart Léveillé a dit…

Très fort ça :

"en oubliant que si un doigt se pointe en un geste de reproche vers l'autre, les trois autres pointent vers soi."

Je partage tout à fait ta pensée.

bibconfidences a dit…

Après avoir écouté Mia Farrow hier et d'autres invités à tout le monde en parle, j'ai envie de faire plus que diffuser ma pensée...Quand je l'ai entendu dire exactement ce que j'avais écrit 12 heures plus tôt, qu'il fallait poser des gestes en tant qu'espèce et non en tant que peuple, j'ai décidé de passer à une vitesse supérieure. Agir.

Renart Léveillé a dit…

Je suis aussi bien traumatisé par cette portion de l'émission de TLMEP.

Par contre, ça continue de me donner le goût de bloguer pour espérer réveiller quelques personnes.

bibconfidences a dit…

bloguer c'est aussi agir, c'est diffuser un message.

Zoreilles a dit…

D'accord avec l'ensemble de ton billet ainsi que des commentaires qui l'ont suivi...

Et j'ajouterais que les premiers à se déresponsabiliser vis à vis des enfants, dans notre société, ce sont les parents.

Bien sûr que le ministère de l'Éducation, les Commissions scolaires, les directions d'école, les enseignants ont à coeur de faire plus et mieux et ce sont des objectifs tout à fait louables mais on oublie trop souvent que de préparer des enfants à la vie, les rendre capables d'être heureux et respectueux, conscients du monde dans lequel ils vivent, ça devrait commencer à la maison. L'école ne peut pas tout faire!

De l'argent, ça en prendrait plus, des services aussi mais on ne pourra jamais en injecter assez pour régler tous les problèmes. Alors, il faut prioriser... Et surtout, se responsabiliser.