jeudi 15 novembre 2007

Ces temps-ci en classe...

Je fais de belles choses.
Je fais du français, groupe du nom, groupe sujet, groupe verbe, c'est long à assimiler on dirait.
J'enseigne les terminaisons du verbe aimer.
Je fais de belles dictées où j'explique les accords au fur à mesure en leur donnant des repères et des indices, je leur fais penser à mettre leurs accents en faisant des mimiques, et je me tais quand j'arrive aux mots qui étaient à l'étude. Je fais la dictée raisonnée en la donnant plutôt qu'en la corrigeant. En deux mois j'ai vu une amélioration incroyable. Je donne toujours la quatrième dictée en méli-mélo des trois autres et cette fois, sans donner tous les petits indices auxquels ils ont droit habituellement.
Et bien ils ont en moyenne deux à trois fautes. Pas plus.
C'est formidable de voir leur fierté.
On fait un conte africain en dessin et nous venons "d'éditer" notre recueil d'histoires de peur fait à l'Halloween. Lundi chaque enfant apportera un fruit et nous ferons une grosse salade de fruits!
Je leur enseigne les bases du tricot et un groupe d'élève commencera sous peu en lego le château du Père Noël pendant que les autres monteront une mini pièce de théâtre pour les petits du premier cycle.
Nous faisons un midi de récupération et un midi pour les mordus des maths. On dîne ensemble et on travaille.
J'ai six atelier. Un où l'on peut créer des colliers, un où on fait de l'estampe, un en informatique, un en géographie ( placer les animaux sur une carte du monde ) un en dessin, un en scrapbooking et un en écriture.
Ah! j'oubliais celui où l'on peut écouter de la musique avec des écouteurs et dessiner ce que ça leur inspire. Ils ont fait un trophée à leur image, avec leurs forces et leurs qualités. Ils sont exposés sur le bord des fenêtres, véritables odes à l'estime de soi, hommage au papier d'aluminium, mon exposition de trophée a un succès fou.
J'enseigne aussi l'univers social et on se prépare à bâtir un village de la Nouvelle France. On fait beaucoup de grammaire et ça commence à "rentrer" comme on dit.
Pendant leur moment de lecture après le dîner j'arrive à corriger un brin, quelques minutes seulement parce qu'il y en a toujours un qui veut me montrer ce qu'il vient de découvrir dans son livre...
Il y a du français dans tout ce qu'on fait, des maths? Partout. Quand on veut c'est facile, il y a toujours une occasion de placer un beau mot, de corriger une belle phrase, de faire un calcul savant ou de résoudre un problème.
Le temps? Depuis que j'ai arrêté de m'en faire avec l'évaluation j'ai énormément de temps. Je l'ai annoncé à tous les parents. J'évalue moins mais j'enseigne plus. Ça vous va? Pas de problème qu'ils m'ont dit.
Il semblerait que ça va aussi aux enfants puisque les devoirs sont toujours remis à temps, les travaux se font sans attendre, les équipes fonctionnent bien et le lien avec eux est formidable.
C'est peut-être ma dernière année où j'enseignerai une année complète mais je vais en profiter pour faire ce que j'ai toujours voulu faire. Enseigner. J'ai enfin repris confiance en moi et je n'ai pas besoin d'avoir des tonnes d'évaluations pour savoir où en sont les apprentissages de mes élèves.
Là je vous laisse, je dois me faire belle, on s'en va au Salon du livre!
Ciao!

1 commentaire:

Zoreilles a dit…

J'ai beaucoup aimé ce billet, Bibco. Tu es une grande pédagogue, tu marqueras la vie de plusieurs élèves.

Continue selon ce que tu crois, tu ne le regretteras jamais...

Ta passion pour le monde de l'éducation, pour la nature humaine, se ressent à chaque ligne, j'aimerais tant que ma fille (actuellement au bac en enseignement du français) puisse te lire, savoir que des enseignantes comme toi existent. Comme elle va faire de la suppléance parfois dans les écoles primaires, ce qu'elle trouve le plus difficile, ce sont ces moments passés dans la salle des profs, avec de jeunes profs blasés, frustrés, qui gueulent contre les enfants, les parents, la direction, la commission scolaire, la réforme, etc.

À 21 ans, elle remet en question son choix de carrière présentement et pourtant, au départ, elle pensait comme toi et elle a tant à donner...