dimanche 20 mai 2007

Extrait de

Un livre, très étrange que je ne saurais recommander, mais on y trouve des délices insolites, dont un, que je partage avec vous.

Comment le monde finit-il? En feu? À cause d'une grande étoile tombant du ciel? Imaginez la comète Wormwood plongeant à travers le ciel nocturne à 65 000km. à l'heure en un apocalyptique voyage vers la Terre, et brûlant comme un milliard de soleils au cours de sa chute. Se rapprochant et se rapporchant. Le chaos qui doit s'ensuivre, la grêle et le feu se mêlant au sang, l'énorme tremblement de terre au point de chute, le cratère de deux cents km. de diamètre, les roches vaporisées, le tonnerre et les éclairs, les roches dissoutes projetées dans l'atmosphère et retombant en pluie sur la terre, les arbres brûlés avec toute l'herbe, la grande montagne qui tombe, incandescente, dans la mer, l'eau se transformant en sang tandis que les débris de terre se répandent dans les cieux, obscursissant l'air et le soleil, éteignant la lune et faisant s'évanouir toutes les étoiles. Imaginez.

Ou en glace? Sans cataclysme, par simple et lent déclin, les étoiles se consumant, les trous noirs aspirant tout autour d'eux et la lente danse de mort de la gravitation distendant de plus en plus un univers élastique. Une nébuleuse de particules intra-atomiques. La purée de pois.

Ou en vert ?( ma préférée vous vous en doutez ) Imaginez les bois à la fin des temps. Un grand océan de paix tout vert. Un amas hirsute et désordonné d'arbres: bouleux, pins d'Écosse et sapins, ormes blancs et ormes courants, noisetiers, chênes et houx, merisers, pommiers sauvages et charmes, frênes, hêtres et érables. Ronces, lierre, gui et chèvrefeuille viennent s'emmêler autour des arbres.
La forêt est pleine de fleurs sauvages: perce-neige et primevères, jacinthes et coucous, sceaux de Salomon et valériane, ancolies et violettes...
Dans les sous-bois, un petit monde travaille dur -scarabées et frelons, escargots et limaces, araignées et vers de terre. Et, invisibles, amibes et bactéries.
Le bruit qui domine le monde, maintenant, est celui des chants d'oiseaux -la trille joyeuse de la grive annonçant le printemps, le chant du pinson de celui de la fauvette. Merles, rouges-gorges, pigeons, ramiers, hiboux huppés et piverts tachetés, le monde leur appartient dorénavant.
Comme il appartient aux chauves-souris, aux hérissons, aux daims et aux renards, que ni chien ni homme ne viennent plus troubler dans leurs jeux.
Et, finalement, les loups reviennent.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel est le titre de ce livre?

bibconfidences a dit…

Dans les replis du temps, de Kate Atkinson. J'ai beaucoup aimé, j'en relis des bouts parfois. Un livre très british...beaucoup de poésie, de mystère, d'amour et d'insondables petites tragédies.
Mais de l'espoir, toujours.