vendredi 19 octobre 2007

Chers parents de mes élèves

Vous savez déjà à ce moment-ci que vos enfants ont eu la drôle de chance de tomber sur un prof qui souffre d'un défaut vraiment mal placé chez un enseignement : la distraction allumée.
Vous vous en êtes aperçus lorsque vos enfants sont revenus à la maison avec leur carte du Québec photocopiée sur laquelle ils devaient faire un X là où se situent Montréal et Québec et que pour leur donner un indice il leur a indiqué où se situait l'île d'Orléans sauf qu'il leur a fait écrire "Orléans" en plein sur l'île d'Anticosti.
Vous vous en êtes rendus compte lorsque dans l'agenda de votre enfant ce prof a laissé un petit mot pour vous dire de regarder le beau travail de recherche en science et technologies sur les papillons monarques pour lequel leur progéniture avait travaillé si fort et qu'ils pourraient facilement retrouver ce travail dans le duotang de "science-fiction".
Vous n'avez pas pu ne pas remarquer que j'avais interverti la semaine où il y avait la rencontre de parents avec celle de la rencontre de l'infirmière dans l'agenda de vos pauvres enfants.
Non, vous n'avez pas pu passer outre toutes ces bizarreries qui font de moi cette personne étrange.
Mais peut-être avez-vous aussi ressenti une certaine indulgence pour moi parce que vos enfants sont heureux avec ce prof si lunatique mais en même temps si proche d'eux.
Ce prof qui, comme les gens souffrant d'Alzheimer se souvient avec une clarté aveuglante de ses onze ans mais oublie si facilement ce qui s'est dit sur les échelles de compétences à la réunion générale des enseignants de la veille.
Ce prof qui reste à l'école jusqu'à 21h. pour décorer la classe pour l'Halloween et défie le règlement de surveillance afin d'être dans la classe lors de leur arrivée au lieu d'être dans l'escalier à leur intimer le silence pour voir l'émerveillement jaillir de leurs prunelles.
Ce prof qui veut tellement que ses élèves réussissent à grandir en force, qu'il sourit souvent en les regardant parce qu'il veut être certain qu'au moins une fois dans la journée cet enfant a vu quelqu'un le regarder avec tendresse.
Ce prof qui aime leurs enfants.
Ils n'ont pas pu ne pas le remarquer.

8 commentaires:

Mme Prof a dit…

T'as une façon de faire monter les larmes toi! Surtout que j'aurais pu écrire ce texte... Merci! :)

Anonyme a dit…

Un prof, c'est quelqu'un d'humain, voilà une autre chose qu'ils auront appris. Je n'y vois que du positif, d'autant plus que vous savez joindre l'humour à la chose, de ne rien dramatiser.

Accent Grave

Une Peste! a dit…

Et c'est exactement ça une bonne prof : une n'humaine. ;-) Sinon, nos élèves n'auraient qu'a se faire enseigner par des ordis 5hrs par jour et se faire greffer un agenda électronique au poignet.

Nos particularité mettent de la couleur dans le(leur) quotidien.

Dans mon ex(sanglot& pleures)classe, l'an dernier .. c'était les feuilles photocopiées mon problème. J'ai comme le gène de la feuille croche. Photocopiée croche, trouée croche, à l'envers, seulement 2 trous ou parfois 6. J'avais beau faire attention, y avait toujours un truc qui clochait entre la perforeuse/le photocopieur/et mouha. :-(

Les enfants se sont rendus compte très rapidement de mon inaptitude à leur remettre des feuilles d'exercices ou de devoirs "droits".

C'est même devenu le mystère de la semaine: Comme Mlle Peste allait-elle réussir à scrapper les feuilles photopiées cette semaine?

Un parent m'en a parlé, un jour. En rigolant bien sûr, elle m'a dit que c'était toujours drôle lorsque fiston lui racontait la nouvelle façon que j'avais trouvé de torturer leur(s) photocopie(s). Il lui disait cela en soupirant faussement d'exaspération. L'oeil brillant au souvenir des rigolades en classe.

Donnez-moi une feuille et je vous la modifie - pour le pire - en deux temps trois mouvements. ;-DD

Anonyme a dit…

je n'ai jamais eu de prof comme cela à l'école avoir su j'aurais redoubler quelques années pour tomber dans une classe comme cela

Anonyme a dit…

Tu sais quel est mon grand regret? Que tu ne sois pas le prof de merveilleuse merveille! Ho! Madame I. est très bien, mais avec toi, je sais qu'elle aurait emmagasiné des tonnes de souvenirs heureux de cette étape importante!
Garde ton oeil allumé, bibcocotte que j'aime d'amour!
Et puis... moi, je peux me souvenir de TOUTES les paroles des chansons des années soixantes, mais depuis une semaine, j'ignore quel est mon nouveau numéro de téléphone au bureau: paraît que c'est ça, vieillir!

Le professeur masqué a dit…

Bibco: être un prof humain, c'est génial! Quand un humain te félicite, te récompense, te sourit, ça vaut plus que quand c'est un robot.

Si on était là uniquement pour la paie, on passerait à côté de l'essentiel.

Zoreilles a dit…

Des profs comme toi, Bibco, comme Une peste, j'ai eu la chance d'en avoir au primaire, au secondaire et à l'université (je n'ai pas fait mon cégep). Ils m'ont construite littéralement, parce qu'ils/elles étaient formidablement imparfaits mais humains. Encore aujourd'hui, il n'y a pas une journée où je ne pense à l'un(e) ou à l'autre : Madame B. aurait dit ça, Madame M. me souriait quand on parlait de ça, Monsieur R. a su comprendre ma peine quand je n'ai rien dit, Hugues m'avait inspiré le goût de me battre pour ce que je croyais, etc.

Chez les profs comme dans toutes les autres professions, travailler avec son coeur, ça reste encore la meilleure manière de donner le meilleur de soi.

Monsieur P. qui m'a enseigné au secondaire le cours de « Tenue de livres », une matière que je détestais, nous aurait dit : « Il faut toujours viser l'excellence, tout en sachant qu'on n'y arrivera pas à 100 % » et pourtant, il enseignait une science exacte. Il était tellement inspirant qu'à la fin de l'année, j'avais réussi l'examen du ministère avec une note... proche de l'excellence.

Catherine a dit…

C'était un très joli billet!