samedi 13 septembre 2008

Je vais faire une Michèle Ouimet de moi et jaser éducation. En passant, ses papiers à la madame sont tellement percutants depuis quelques semaines que je pardonne presque aux journalistes de nourrir les parents d'articles décapants sur l'école comme à tous les mois de septembre juste avant nos rencontres avec eux.
Les géniteurs de nos chérubins arrivent toujours avec des questions qui sentent la Presse à vue de narine avant même qu'ils aient terminé de les formuler.
Mais peut-être que Madame Ouimet a conquis mon coeur en faisant pleurer la ministre et en brossant un portrait de Parizeau déchirant sa chemise en se lamentant sur le système d'éducation...
Quoiqu'il en soit, avant même que de parler d'éducation et de sa faillite comme dit vestoncravate, je parlerais de savoir-vivre. Difficile d'enseigner quand le respect fout le camp. C'est peut-être là qu'il faut chercher la différence entre les anglophones et les francophones. J'ai plusieurs ami(e)s qui ont enseigné du coté anglais et tous parlent en bien de l'attitude des enfants et des parents empreinte de respect et de civisme.Quand de notre coté on passe une heure sur cinq à gérer des comportements, à tenter de freiner des bavardages on rogne sur le temps d'enseignement. Les heures de classe supplémentaires qu'un enseignant ajoute à sa tâche au primaire juste pour préparer des systèmes de gestion de classe et d'émulation sont énormes et parfois ça donne peu ou pas de résultat. Pour ma part j'ai abandonné il y a longtemps mes rêves de Madame professeure enseignant devant son tableau à des petits qui m'écoutent attentivement. Ma job de prof en est une d'éducatrice "at large". C'est correct, je l'ai accepté et tant que j'aide les enfants à avancer, à être et à vivre mieux dans leur école et à apprendre ce QU'ILS PEUVENT APPRENDRE DANS LA MESURE DE LEURS MOYENS, ça me va parfaitement mais avant que de me casser les oreilles avec la faillite de l'éducation peut-on juste étendre le mot faillite en dehors de l'école? Parce que y a pas que là qu'il y ait des problèmes. Si on pouvait juste réduire le ratio dans nos classes et veiller à ce que notre clientèle scolaire soit bien à la place qui lui convienne moi je pourrais enseigner avec n'importe quel programme, j'y arriverais avec tellement plus de succès. Mais non, au lieu de ça on dépense de l'argent dans des programmes de ci et de ça, soutien aux devoirs, petite trousse de dépannage cucul à droite, campagne de compostage dont pas un prof ne veut se charger à gauche...t'sé, combien d'argent se dépense inutilement en niaiserie indirectement dans les commissions scolaires? Beaucoup. Imaginez qu'on paye un prof ou deux de plus, qu'on ouvre des classes supplémentaires et qu'on y retrouve pas plus de 20 élèves... Utopie me direz-vous. Peut-être, mais si on faisait juste remplacer les gratteux de papier de moitié par autant de profs, là on pourrait vraiment parler d'éducation.
Avant de retourner me coucher juste une petite réflexion pour m'égarer. Tous ces jeunes délinquants qui font la Une des journaux ces temps-ci, ils n'ont pas toujours passé leur temps dans la rue...ils allaient à l'école ces jeunes là. Et plusieurs y vont encore...Ben dites-vous qu'ils ne sont pas devenus délinquants du jour au lendemain. Ça commence jeune cette vocation, ils étaient dans nos classes bien avant d'écumer vos rues. Et croyez-moi, on les voit venir de loin quand on est prof. Alors tous ces enfants poqués, c'est la réforme qui nous empêche de les éduquer vous croyez? Mon oeil....
Ça part de bien plus loin.

5 commentaires:

Catherine a dit…

Totalement en accord avec ton billet. Je n'aurais pas pu dire mieux!

Le professeur masqué a dit…

Bibco: au lieu de parler de l'effondrement du système d'éducation québécois, Parizeau aurait pu parler davantage de l'effondrement québécois. Sur mon blog, tu verras que je remets en question cette sortie, entre autres parce que la comparaison de Parizeau est boiteuse.

bibconfidences a dit…

Merci Catherine!

Oui, j'y suis allée ce matin PM...
Je vois en effet que c'est assez indigeste cette sortie de Parizeau, n'importe quoi pour être dans le journal!
Mais disons que la journaliste n'y est pas allée de main morte avec lui...

Anonyme a dit…

Je ne suis pas enseignante, et j'ai peut-être une vision différente, mais qui rejoint la tienne. Tu parles de respect et de savoir-vivre, de savoir-être et de sens civique. Pour moi, c'est MA responsabilité, pas celle de l'école, pas celle de l'enseignante de Merveille. C'est MA job, depuis sa naissance, de préparer ma fille à être une élève respectueuse, qui écoute les consignes. Malheureusement, beaucoup trop de parents ont "délégué" cette responsabilité aux autres - éducatrices à la gardo, profs à l'école.
Tu vois, moi j'en ai sur le fait qu'en partie à cause de cela, on nivelle par le bas. Ma puce a besoin d'être stimulée, 'challengée", pas ralentie. Or, pour que le prof puisse survivre au nombre, c'est évident qu'il ne peut s'occuper que des cas "problématiques".
Et au risque de passer pour la dernière des dernières, je pense qu'on a poussé un peu loin le bouchon de l'intégration. Suis-je élitiste de vouloir revenir au bon vieux système d'enrichi/régulier/allégé? Oui? Tant pis, j'assume!
Profs, je vous lève sincèrement mon chapeau: je n'aurais certes pas votre patience, ni même votre dévouement voire votre acharnement à travers un système qui s'est substitué bien malgré lui aux parents...

Zoreilles a dit…

Très intéressante réflexion, Bibco. Comme toujours.