samedi 1 mars 2008

Désolée

Je sais, j'avais dit que je n'en parlerais plus mais voilà, j'ai rien d'autre à dire.
Vous connaissez mon ambivalence face au sujet moralisateur de l'importance du français au Québec et bien je vais entrouvrir un pan de ma vie privée pour vous exposer une situation qui est, je crois, bien plus répandue qu'on ne le croit.
Le monsieur qui partage parfois ma vie travaille dans un milieu géographiquement situé dans le centre de la ville de Montréal.
Il gère toutes sortes de choses; des clients, des vendeurs, des employés de soutien et son temps. L'un de ses vendeurs qui vend régulièrement des peccadilles valant entre 300 000 et 500 000 dollars a une idée très importante de lui-même. C'est de plus un jeune homme au caractère hargneux ( paraît que c'est un plus pour ce domaine, ça aiguille la testostérone là où il faut : la rage de faire de l'argent donc, de vendre ) italien d'origine, parlant anglais presque aussi bien qu'italien et baragouinant le français.
Mon monsieur est un ardent défenseur de la langue française, passant son temps à me citer l'Europe comme notre mère patrie à tous, comme ayant la plus belle architecture au monde, bref, il ne s'agenouille pas tous les jours sur son tapis tissé face à la tour Eiffel pour psalmodier mais il le ferait que ça ne me surprendrait pas!
En fait, il me fait suer à vouloir à tout prix m'affilier à la culture française avec des accents placés là où il n'y en a même pas!
Mais là où je veux en venir c'est que j'y suis parfois moi dans ce bureau. J'y étais l'autre jour et tout était normal, on était là à discuter tout bonnement de nos rapports amoureux épisodiques et autres futilités du même genre quand Mister R. entre en coup de vent devancé par le bout pointu de ses souliers vernis.
Je lui dit bonjour, il me dit hello, (un hello anglais là) et commence à s'énerver en parlant fort ( il parle toujours comme ça même pour dire qu'il va se chercher un café, il est important j'vous dis) et en anglais bien entendu. Et mon monsieur lui répond, en anglais. Et la secrétaire, bilingue à peu près comme moi, yes I speak two tongues, quoique arrivant directement de Lavaltrie, c'est plus près de Montréal que l'Abitibi quand même, d'en rajouter, en anglais. Finalement, ils se parlent tous en anglais et moi je suis là, évachée sur ma chaise et je les regarde en pensant à tout l'amour que Monsieur profère pour la langue française...
Quand je dis que chacun a personnellement et dans son foyer un effort à faire c'est de ça que je parle.

10 commentaires:

Le Gentil Astineux a dit…

Rien de nouveau sous le soleil. J'ai vécu la même expérience dans ma jeunesse. Sur les trente personnes travaillant au même endroit, un était un anglophone qui essayait d'apprendre notre langue et les 28 autres lui parlaient anglais.

Renart Léveillé a dit…

La même chose qu'Antipollution à mon travail. Moi, je me tenais debout et je lui parlais seulement en français. Mais le gars n'a pas eu le choix d'apprendre car il était barman...

bibconfidences a dit…

Une grosse molle en anglais ça se dit comment?

Anonyme a dit…

C'est ce qui se vit à tous les jours, partout au Québec, surtout à Montréal, plus qu'il y vingt ans. J'écris surtout à Montréal mais il en irait de même en région si quelques anglo s'y établissaient.

Cette attitude (complexes extrêmes) chez les Québécois est une des raisons pour lesquelles on nous méprise.

Cela date de la conquête anglaise, alors que nos élites pliaient bagage pour la France.

Tant que nous ne saurons pas nous tenir debout, individuellement, on nous écrasera, avec raison.

Au QUébec c'est pas compliqué, les anglophones sont majoritaires dès qu'ils dépassent le nombre de zéro. Si un seul anglo est présent, les autres se mettent à baragouiner l'anglais.

Et puis cettte référence à la France ne vaut pas mieux. Nous sommes francophones, pas Français. Alors qu'en France on ne parlait français qu'autour de Paris (ailleurs on parlait Breton, Normand, Patois en Savoie... etc) , en Nouvelle France le français était parlé partout. Parler un français compréhensible n'équivaut pas à considérer Paris comme La Mecque, bien qu'il s'agisse du berceau de la langue et que par son histoire et sa culture, la France restera ce qu'elle est mais nous, Nord Américains francophones, dédeloppons nos particularités, ce qui est très bien mais ce foutu complexe vis-à-vis les anglos et la France doit disparaître.

Il y aurait beaucoup à dire.

Dites-vous que votre conjoint fait comme beaucoup de Québécois mais qu'une distinction pourrait être faite entre Québécois allophones et les étrangers (les clients).

Je vais constamment d'une langue à l'autre. Ma règle est celle-ci: face à un client, j'opte pour sa langue mais tout ce qui concerne les affaires internes, ça se passe en français. On trouve rigolo que les anglos les plus radicaux de la boîte s'adressent à moi en français. Les francophones diront de moi: « avec les idées radicales qu'il a, mêmes les anglais lui parle en français ». Incroyable! Je serais donc un radical parce que je parle ma langue, celle du pays. Réalisez-vous ce que ça signifie!

Autre exemple dément: mes ordinateurs jouissent d'un système d'opération en français, d'un clavier en français et de programmes en français (presque toujours possible). Ce seul élément me fait passer pour un radical. Il y a touijours un zogoto pour dire « en français les programmes fonctionnent mal » (absurdité totale) alors qu'un clavier françcis permet d'écrire dans les deux langues, l'inverse n'est pas vrai. Il s'agit d'un seul petit exemple, il y en des millers comme ça.

Ce sont les effet du colonialisme, je ne ntrouve rien d'autre.


Accent Grave

P.S. Scusez pour les fautes, j'ai tapé en vitesse et manque de temps...

bibconfidences a dit…

Monsieur hoche la tête en disant :"tu as raison, je vais parler en français au bureau", mais l'habitude d'aller vite et de voir au plus pressant le reprend ses bonnes intentions s'envolent en fumée, je crois qu'il en est de même pour plusieurs. C'est ça que j'essais d'expliquer...cette attitude est beaucoup plus nocive pour nous que de s'accuser mutuellement parce que nous oublions un participe passé de temps en temps...
Je reprends ici un petit bout d'une entrevue donnée par Michel Fugain qui rejoint tout à fait ma pensée.
" (...) En fait, les Québécois sont des Américains du Nord. Ils parlent une langue qui a des racines communes avec la nôtre, enrichie d'anglicismes traduits mot à mot, qui font que là-bas, on "tombe en amour" comme les Britishs "fall in love".
Moi je suis d'accord avec ça.
Vos commentaires sont très justes à tous et pour une fille qui dit se désintéresser ou se détacher du problème je trouve étrange de ne pas pouvoir arrêter d'en parler.

Anonyme a dit…

ici en Outaouais ce courbage d'échine est encore plus flagrant, on fait trop pour accomoder les anglophones qui eux ne sont même pas capble de nous dire un merci qui ne sonne pas come mercy

bibconfidences a dit…

En fait je ne ressens pas ça comme un courbage d'échine. Je ressens plutôt ça comme un non sens. Adaptons-nous aux autres en parlant comme eux et faisons le de bonne grâce en cessant de pleurer sur notre langue ou alors restons nous-mêmes et conversons dans notre langue chez nous en faisant des nuances, le genre de nuances dont parle Accent Grave plus haut.
Faut dire que je ne me suis jamais sentie inférieure ou supérieure à quelqu'un, encore moins pour une question de langue. Là où les gens voient des menaces je vois un enrichissement, là où on pourrait se croire supérieur je ne vois que la chance qui nous est donnée de tendre la main.
Cibole que ce monde est compliqué parfois.

Zoreilles a dit…

Très intéressant de lire ton billet, Bibco, (et je comprends tes réactions)que les commentaires qui suivent, comme de raison.

J'en aurais long à dire aussi, avec des exemples précis mais je me résumerai ainsi et d'une manière peut-être trop simple pour être crédible : Quand on se respecte, les autres nous respectent aussi, c'est inévitable. Qu'on pense à une personne, à une situation, à un peuple, à une langue, à une culture.

Notre seul ennemi, c'est nous-même, par notre manque de solidarité, de cohésion, de respect de ce que nous sommes.

bibconfidences a dit…

Tu exprimes mieux ma pensee (clavier sans accent, je suis au bureau de Monsieur, ici on travaille en anglais) que je n'arrive a le faire moi-meme.

Renart Léveillé a dit…

Accent Grave,

je viens de voir que c'est ici que j'ai pigé une citation de ton cru, que j'ai publié comme citation du jour sur mon blogue. Je tenais à te le faire savoir, et c'est ici.