samedi 25 octobre 2008

Maladie

Les profs sont malades paraît-il. Une maladie qui s'appelle EDIDE; épuisés, découragés, impuissants, dépassés, écoeurés. C'est vrai que tout ça mis ensemble ça rend malade.
Congé d'EDIDE qu'on devrait appeler ça.
C'est quoi les véritables causes du burnout? Un médecin m'a dit que lorsqu'on travaillait beaucoup sans que ça donne des résultats valables, sans que l'on n'arrive jamais à atteindre nos objectifs, sans que ce travail soit reconnu, en ayant des obstacles jour après jour ça risquait de conduire droit au burnout. Alors? Pourquoi se surprendre de ces chiffres qui explosent?
Avant-hier j'ai reçu cinq parents pour m'aider à décorer des citrouilles. Les cinq m'ont dit que jamais ils n'auraient la patience de faire ce que je fais. Qui leur a dit que je l'avais?
Est ce que ça parle toujours comme ça m'ont-ils demandé? Un peu moins, j'ai encore un peu d'autorité quand même.
Mais ça parle... Vous parents qui fêtez vos enfants et qui vous écroulez épuisés après une fête d'anniversaire où jacassaient 6 ou 7 enfants, croyez-vous que ces mêmes enfants sont différents en classe? Eh ben non. Ils parlent toujours, sans arrêt.
Peut-être que lorsqu'un enfant ou deux, les vôtres, parlent à la maison vous les écoutez émerveillés de leur intelligence et leur laissez la parole dès qu'ils ouvrent la bouche...Mais imaginez-vous avec 28 chérubins qui ont appris à avoir la parole quand bon leur semble sansattendre.... C'est ... ouf....épuisant de s'interrompre à toutes les trois ou quatre minutes quand on tente d'expliquer pour récupérer un silence qui est nécessaire à la compréhension.
C'est beau un enfant qui parle, qui sait plein de choses, qui nous épate et nous fait sourire, mais c'est bien que ce même enfant soit capable de se taire à certains moments , lorsqu'on le lui demande et puisse intérioriser ses émotions et ses réflexions... Réfléchir est un acte qui demande une certaine concentration. C'est essentiel de faire la lecture aux enfants mais si parfois on essayait aussi de lire côte à côte sans parler, en demandant à l'enfant de garder ses commentaires pour plus tard, en lui demandant de lire seul pendant 10 ou 15 minutes tout en restant à coté de lui et de faire cela dans le silence ce serait bien aussi.
J'ai toujours pensé qu'un enfant qui pouvait faire un casse-tête partait gagnant dans la vie...La patience, la réflexion, le calme. Un jeu qui est tout le contraire des jeux vidéos, un jeu qui n'en est pas un "d'action réaction". Un jeu qui pourra peut-être faire comprendre à un enfant que lorsqu'il reçoit un travail il doit d'abord lire, réfléchir, déchiffrer avant d'y comprendre quelque chose... Rien à voir avec ce que j'appelle "action-réation". J'interdis toujours à mes élèves de se lever dès la réception du travail ou de l'évaluation pour venir me questionner ou me dire "je ne comprends pas" ... J'exige 5 minutes de réflexion. J'exige l'emploi du surligneur pour mettre en lumière les consignes importantes, j'exige qu'on mette un petit coeur au-dessus des mots qu'on ne comprend pas et la page du dictionnaire où se trouve ce mot...Si l'on a fait tout ça, je suis là pour expliquer mais généralement, le nombre d'élèves qui semblaient avoir un ressort au popotin en recevant leur travail diminue et la plupart restent bien tranquilles à répondre aux questions....
C'est pour ça que le casse-tête me semble un bon choix pour un petit cadeau à Noël. Un beau casse-tête à faire en famille....un qui prend du temps là...et pendant que vous le ferez, pensez au prof de votre enfant et au moins une fois, dites doucement : "Chut, je me concentre, sois silencieux quelques minutes".

5 commentaires:

Zoreilles a dit…

C'est une formidable méthodologie du travail que tu leur donnes là, ça leur servira tout au long de leur vie.

Depuis que je te lis, je trouve tellement que t'es une bonne prof.

Anonyme a dit…

Ces comportements observés à l'école sont le résultat de ce qui se passe à la maison et ailleurs, ça me semble évident. D'ailleurs, lire une histoire à un enfant n'est plus chose aisée, la concentration étant absente. Et puis, les parents eux-mêmes lisent peu ou pas, manquent eux-mêmes de concentration.

Plus tard, la même chose se voit dans l'industrie: les jeunes ne lisent pas les dessins, les notes importantes, les détails qui font la différence. Sans généraliser, ce manque de concentration et ces moments de réflexions se font rares. Tout est toujours à refaire.

Un casse-tête à Noël, bonne idée! Et le faire sans télé ou radio serait encore mieux.

Quant au nombre de burn-out, je suis sceptique. À une certaine époque c'était les changeurs dans le métro qui détenaient le record. L'épuisement relié au travail ça existe mais il y a une question de moeurs là-dedans, c'est parfois trop facilement accepté. Dans certaines entreprises le burn-out est fréquent, dans d'autres il est quasiment inexistant. L'atmosphère et les conditions de travail changeraient tout? Un doute. L'effet d'entraînement est beaucoup plus déterminant, j'en suis convaincu.

Accent Grave

Catherine a dit…

Tu décris tellement bien la réalité. J'enseigne dans plusieurs classes et ce qui ressort de tout ça, c'est que les élèves ne sont pas capables de se taire. Il faut toujours qu'ils soient en interaction. C'est beau la sociabilité, mais il faut aussi apprendre à faire ses choses seul.

Le professeur masqué a dit…

Bibco: avec mon «adaptation scolaire» en première secondaire, je découvre mille choses: les élèves qui se chamaillent, les coffres à crayons irrésistemblement attirés vers le plancher, le besoin de parler, de poser n'importe quelle question.

Incapable de vivre en groupe.

Les Zrofs a dit…

Ben nous, contre l'EDIDE on chante...
Les zrofs

Ca détend...