vendredi 10 juillet 2015

Confidences à la mariée.

Lorsque je reviens du marché Jean Talon,  j'aime bien passer  par la rue St-Laurent. Dès qu'on a traversé Bernard, c'est un régal pour les yeux de la designer de coeur que je suis. Peut-être est-ce dû à la présence des gens d'Ubisoft dans le quartier, mais la qualité des objets qui ornent les belles vitrines est indéniable. Il y a aussi les petits restos avec leurs grandes portes jardins, les belles chaises vertes de plastique qui ornent la terrasse de la Cuccina, les galeries d'arts où tout est nouveau et inusité.
Tout est invitant. Puis, la promenade culturelle fait une pause zen au petit parc entre Laurier et St-Joseph.

"Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté". Voilà ce qui est gravé sur la façade du magnifique bâtiment qui trône au bout de l'allée de ce parc verdoyant. Au milieu, la fontaine. Elle est parfaite. c'est un oasis de calme et de beauté.

À ma dernière promenade sur cette rue, je m'y suis arrêtée et assise. Pas dans la fontaine, mais sur un des bancs qui la bordent.
Cet après-midi là, il y avait une mariée, une future mariée. Elle était avec ses amies, célébrant sûrement ses noces imminentes en se promenant riant et coiffée d'un voile léger de tulle et de dentelle. Je la regardais et je l'enviais. J'aurais voulu m'approcher d'elle et lui dire à l'oreille quelques mots.

"Tu ne sais pas à quel point je t'envie. Je voudrais te dire de ne jamais baisser la garde, car il y aura de ces journées où l'amour te tiendra tête. Laisse-le être qui il est, laisse le prendre les rênes. Ne fais pas l'erreur de laisser l'amour s'apprivoiser jusqu'à devenir une petite bête domestique qu'on abandonne un jour  pour une nouvelle maison.
Laisse l'indomptable amour te désarçonner, laisse le t'affaiblir jusqu'à la pâleur puis de nouveau, qu'il te prenne dans ses bras pour te faire rougir de plaisir jusqu'à la brûlure. L'incandescence de l'amour ne devrait jamais tiédir".

Mais je ne le lui dirai pas, personne ne lui dira. L'erreur se répète ainsi, de mariage en mariage, union après union. Le désir de dompter le rebelle amour, le besoin de le dépouiller de tout son mystère, de le faire sien, de le rendre à son image, de le boire jusqu'à la lie, d'en faire sa chose plutôt que d'être la sienne, est un désir contre lequel nous ne pouvons rien.

Et lorsque l'on croit que l'amour n'a plus de secret, que ce n'était après tout, "que ça", qu'on a bien raison de dire que ça ne dure pas, c'est là que l'amour s'en va, remplacé par l'ennui, qui lui, n'a aucun problème à se faire vôtre pour le reste de votre vie.

Que ne donnerais-je pas pour affronter de nouveau l'amour? Cet ennemi délicieux.
Et perdre.


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