jeudi 29 mai 2008

Interrogation

Ça ne vous dérange jamais, oh, pas beaucoup, juste un brin, qu'on fasse tant de cas de notre environnement, de la dégradation des cours d'eau, de l'air qui nous empoisonne certains matins mais que les cigarettes qui dégradent et qui empoisonnent l'être humain, nos enfants en particulier, soient encore produites et vendues sans qu'on ne s'en offusque trop? Faut dire que maintenant on les a cachées. Balayées sous le tapis qu'elles sont. On les a moins dans la face. Comme les africains qui se meurent de faim, on ne les voit pas tout le temps, heureusement.
Mais elles sont là, elles sont toujours aussi importantes pour l'économie des grandes compagnies de tabac.

mardi 27 mai 2008

Je chiale encore

Vous êtes prévenus, je chiale. À lire ou pas.
Je viens à l'instant de fermer la Presse avec un soupir d'exaspération. Cahier Actuel : le pied objet de désir, de séduction et blablabla.
J'en ai ma claque du phénomène Sex&City, des trucs pour paraître plus jeune, des push trucs pour se gonfler la glande mammaire, de tout cet acharnement des femmes à se vouloir sexy et jeunes.
On pense avoir fait du chemin et voilà qu'on en remet...Les filles se pâment devant les actrices du film Sex&City. Pourquoi? Je n'y comprends rien. Le summum du paraître, le design de l'humain, le marketting de la peau. J'en ai ma claque. Pourrait-on glorifier autre chose? Puis-je passer l'été sans me préocupper de faire tenir mon vernis sur mes ongles d'orteil parfaitement manicurés? Puis-je me contenter d'une bonne coupe de cheveux, d'ongles propres et coupés court, d'une peau pas trop hâlée parce que je ne veux pas en faire un terrain de jeu pour carcinomes?
La réponse est oui et je n'ai pas besoin de personne pour me donner la permission.
C'est certain que j'ai la chance d'avoir un homme dans ma vie qui voit en moi autre chose qu'un accessoire pour bien paraître. Il aime mon apparence mais craque pour mon intérieur. Ben oui, c'est vrai. Ce n'est pas du dépit ni de la naïveté, c'est comme ça. Et c'est comme ça pour beaucoup d'hommes.
Les femmes sont les juges les plus féroces dans cette histoire.
Les hommes s'en servent parfois...Hilary Clinton serait d'accord avec moi.
Mais tant que nous continuerons à acheter des chaussures à paillettes avec des pics à glace comme talon et à souffrir mille morts pour faire trois pas et à avoir l'air ridicule à force de courir d'une façon bizarre derrière les collègues masculins qui traversent au feu rouge à grandes enjambées, nous serons à jamais les victimes de notre propre conviction; celle d'être aimées pour notre apparence et non pour qui nous sommes vraiment.

mercredi 21 mai 2008

Ces temps-ci

J'écoute Kate Bush tous les matins dans mon auto en allant travailler. En revenant aussi. Pardon René H. je te délaisse mais Kate me redonne ma jeunesse. C'est moins bon pour mon ouïe par exemple parce que j'écoute ça assez fort. Kate Bush est toujours ma meilleure, 30 ans plus tard.
Je l'écoutais au cegep. Seigneur...je l'écris et ça me fait mal. 30 ans vous vous rendez compte? Et pourtant...je suis toujours aussi tout croche, aussi perdue, aussi up and down que quand j'avais 15 ans. Me semble que ces années (je préfère ne plus écrire ce chiffre ,"30") auraient pu mieux me servir .... Me donner sagesse et richesse par exemple. Pas pantoute. Que des rides, des bourrelets, des soucis et des courbatures. C'est trop pinjuste. Je dis pinjuste et dans le fond je suis plus Saturnin que Calimero, c'est vous dire... Bref, Kate me fait voyager. Elle me rappelle que je vis encore. Que je serais mieux d'oublier l'impôt de temps en temps et les REER, que si j'en ai juste assez pour vivre au mois le mois c'est correct aussi, que la vie c'est aussi l'étonnement et le sang qui afflue dans nos artères avec la force d'un torrent écumant. Elle me rappelle que j'ai déjà lu Le monde selon Garp et Le meilleur des mondes et que ça m'avait passionné, assez en tout cas pour boire deux bouteilles de cidre à la brasserie en jasant avec une gang de nerds. Je ne passais pas mon temps à m'inquiéter de tout et de rien alors, surtout pas de ce que mes faits et gestes auraient comme impact sur mon entourage.
Je pleurais quand le pied du lit attaquait mes orteils, c'est tout. Maintenant je pleure pour l'humanité au complet.
Kate Bush m'envoie un message. Elle m'appelle dans son Army dreamer.
Depuis que j'ai mis ce cd dans mon auto c'est la force qui est avec moi.
Laquelle? Aucune idée. Les souvenirs? Ce qui fût et qui n'est plus? La jeunesse? Jeansérien. Mais maudit que c'est bon.

mercredi 14 mai 2008

Le syndrome du cheval à l'écurie

Je l'ai. J'ai ce syndrome. Celui où le cheval qui, n'en pouvant plus, part à galoper quand il hume la douce odeur de son écurie.
Je l'ai, mais à l'envers. Je n'en peux plus quand je sens la douce odeur des vacances qui se pointent à l'horizon.
C'est technique, c'est chimique, c'est subjectif et caractériel. Je suinte la paresse quand la fin approche. C'est l'agonie de mon cerveau reptilien qui lentement exhale le pshuittt de mon cerveau qui grille sous l'effet de la neurone sous haute tension.
Qu'est ce que font tous les autres? Ceux qui ne sont pas profs? Ceux pour qui la fête du Canada ne correspond pas avec le début d'une merveilleuse vacance qui dure 2 mois?
On se fait tant et si bien à cette pause bienheureuse qu'on se croit incapable de vivre sans.
On traîne la patte et on fait notre chemin de croix en se demandant si le Golgotha va bientôt se pointer le mont ou si l'érosion des pluies acides lui en a mangé encore un petit bout cette année...Non mais quel calvaire...
Je prends bien les quelques journées de congé qui me restent mais ensuite le retour au boulot est encore plus difficile. C'est que je m'adapte très vite moi, aux bonnes choses...
Le pire, c'est que c'est contagieux, j'ai donné le virus à mes élèves. Ils n'absorbent plus rien, obnubilés qu'ils sont par ce qui se trouve de l'autre coté des fenêtres. Et puis il y a toutes ces chicanes de filles....Leur susceptibilité est à la mesure de leur habillement... plus elles ont de petits bouts de peau à l'air plus leur mèche est courte....J'ai saisi au vol des mots comme, pute ou chienne...imaginez, à 11 ans. Je leur ai dit de ne plus se forcer pour les cours de français, qu'une belle carrière de lutteuse dans la boue les attendait. Naturellement elles ont eu droit à la lecture à voix haute de leurs beaux petits mots de courtoisie en public et à grand renfort de dictionnaire elles ont du me lire les définitions du mot pute et chienne dans le dictionnaire. Moi aussi j'ai la mèche courte rendu au mois de mai. La très chouette psycho-éducatrice les a ensuite expédiées dans son ti bureau où elles ont eu une édifiante conversation sur la bonne entente entre camarades de classe.
C'est que la chaleur exacerbe les humeurs, saviez pas ça?

dimanche 4 mai 2008

Cadet Roussel a deux maisons

J'ai deux maisons. Une qui est mon logis, qui est le coeur de ma vie de famille, qui contient tous mes trésors et ma poussière. L'autre c'est celle de Monsieur. Le mien de Monsieur. Elle contient aussi mon coeur puisque je le lui ai donné et qu'il l'habite, elle fait office de foyer principal puisqu'il réchauffe mes sens et elle est finalement ce qu'on appelle un baise en ville puisqu'elle est située dans la grande ville.
Je fais régulièrement la navette entre là et ici.
Je fais ma valise comme d'autres font leur lessive ; une à deux fois semaine. Parfois trois, quand le linge doit se laver en famille, car il est aussi de ma famille, enfin, si l'on accepte que l'on puisse l'incorporer dans la séculaire institution qu'est la famille sans même lui apposer de sceau officiel. Il lui arrive bien entendu de laisser sa maison centenaire et de traverser le pont. Son sacrifice est la hauteur de celui que fit César en traversant le Rubicond. Il n'aime pas la banlieue, mais il m'aime moi. Merveilleuse reddition non?
Nous passons ainsi notre vie à partir et revenir. À décoller à atterrir, à reculons ou de bon coeur, mais toujours, nous le faisons. Autrement il n'y aurait pas de nous.
Bientôt il faudra songer à réunir les coeurs pour de bon car de ces déplacements, nous n'en pouvons plus.
Il faut l'avoir vécu pour savoir ce que ça peut être de ne jamais déposer ses pénates sur le même tarmac quand on veut rentrer chez soi. On dit que l'amour est plus fort que tout mais quand c'est sa vie qu'on a l'impression de laisser derrière à chaque fois, on n'en est plus si sûr de cette force immuable.
L'être humain a des faiblesses inavouables. L'une d'elles est ce besoin d'établir son territoire et d'y entasser ses richesses pour se reposer au beau milieu de son butin durement acquis.
Lorsqu'on doit quitter son territoire et ses biens au gré de nos désirs amoureux on ne sait plus très bien si on préfère aimer ou rester.
Ça fait trois ans que ça dure et croyez-moi, je suis fatiguée de ce va-et-vient incessant.
J'oublie toujours quelque chose ou alors je paye un surplus de bagages, tribut prélevé à même mes muscles!
Parfois l'un de nous deux, chez l'autre, erre comme une âme en peine. Il y aurait tant à faire en la demeure, la nôtre respective bien entendu...et nous sommes là, à roucouler au lieu de ménager chacun chez soi...Le roucoulement devient alors grincement et les baisers se perdent dans un au revoir de la main agitée manu militari.
J'aimerais me retrouver chez moi plus souvent mais si c'est moi qui y suis, c'est lui qui y perd et vice versa.
Heureusement nous sommes des adultes qui avons le pouvoir de décider de notre vie et bientôt les nôtres, je vous l'ai dit, se trouveront réunies.
Mais, et c'est ici à la toute fin le but de mon propos, qu'en est-il de ces enfants à deux maisons?
Qu'en est-il de ces petits qui trimbalent un tout petit bout de leur vie entre la maison de papa et celle de maman? Leur maison à eux, elle est où?
Leurs trésors sur lesquels leurs yeux de bambins aiment s'attarder le soir avant le dodo se retrouvent-ils là où ils sont eux?
Il est où leur coeur? Dans quel foyer?
Et s'ils oublient leur peluche préférée ou leur devoir à remettre chez maman alors que le lendemain ils se retrouvent chez papa, qui accourera en vitesse sans reproche pour leur remettre avec un câlin?
Vous parents qui généreusement fournissez couverts et couvertures à votre progéniture en double, comprenez-vous que parfois ils sont las de ces déplacements? Soyez à l'écoute et ne grondez pas les gamins qui oublient leurs livres de classe chez vous alors qu'ils en besoin chez l'autre. Et, a fortiori, cela vaut aussi pour leur professeur, parfois si prompt à sanctionner l'oubli...
Ils n'ont pas choisi cette vie mais vous pouvez choisir de la leur rendre plus facile.
Bon déménagement de fin de semaine.